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samedi 11 octobre 2008

Le World forum: écolo ou pas trop?

Un forum sur le développement durable, c'est bien. Malheureusement, les dépenses énergétiques liées à un événement d'une telle ampleur sont, par la force des choses, très importantes. Mais si un tel congrès commet les fautes qu'il cherche, justement, à combattre, n'en perd-il pas une partie sa légitimité? Qu'en est-il au World forum?



Brochures en papier recyclé et encre végétale, café et thé équitable, gobelets en carton recyclé, cordon du porte-badge en maïs, poubelles de tri... Les bonnes initiatives ne manquent pas au Nouveau Siècle. Marie Werner est chargée des opérations pour le World forum. Aux côtés de Guy Pourbet et Stéphanie Pilaet, elle a cherché à rendre ce forum économique le plus respectueux de l'environnement possible. Mais même si les progrès sont immenses par rapport à l'année dernière, le World forum 2008 est loin d'être parfait.

Marie Werner le reconnaît elle-même: "Nous ne sommes pas encore exemplaires, mais nous essayons de nous adapter. Pour le tri sélectif, ce qu'on a mis en place est encore très basique. J'aurais voulu pouvoir aussi recycler tout ce qui est "fermenticide" (déchets de nourriture biodégradables) et avoir des poubelles séparées pour les bouteilles et le papier."

Mais de toute évidence le problème du tri au World forum se trouvait plutôt du côté de l'information. Deux poubelles: une pour les produits "recyclables", l'autre pour les produits "non recyclables".


Comment savoir où mettre chaque déchet ? A examiner le contenu des deux poubelles de la salle de rédaction de l'ESJ, on réalise que, de toute évidence, ce n'est pas clair pour tout le monde. Dans les deux on trouve des gobelets, des sacs en papier: contenus qui auraient dû se rejoindre dans la même poubelle et partir à la station de recyclage... Dommage.

Autre point négatif: le transport. "Il nous a fallu choisir entre efficacité et écologie", regrette Marie Werner. "Et comme nous n'avons pas trouvé de prestataire suffisamment compétent, nous avons préféré que les intervenants arrivent à l'heure, même par des moyens de transport pas écologiques." Deux scooters électriques ont tout de même été prévus pour les déplacements d'urgence des intervenants. Le World forum a par ailleurs fait appel à Transpole et ses bus au biogaz pour les transports collectifs.

Le World forum à l'épreuve du bilan carbone

La solution pour que l'impact du forum sur l'environnement soit "neutre" se trouve dans le bilan carbone. Un travail long et fastidieux, mais nécessaire pour pouvoir évaluer et "réparer" les dommages causés à l'environnement. "Nous avons mis en place et distribué des questionnaires aux intervenants, prestataires et participants pour évaluer leur empreinte écologique", explique Marie Werner.

Moyens de transport, alimentation, leur comportement sera examiné et évalué. Le Nouveau Siècle sera lui aussi passé au crible afin d'évaluer l'ampleur son empreinte carbone, c'est-à-dire quelle quantité de CO2 il a rejeté dans l'atmosphère par son activité. Un chiffre qui risque d'être élevé, car le bâtiment est ancien et inadapté aux critères écologiques. "La structure du bâtiment oblige à une consommation d'électricité excessive: nous sommes obligés de fermer les stores et utiliser la lumière électrique, car sinon les locaux chauffent trop et c'est la climatisation qui se déclenche", souligne Marie Werner.

Une fois le bilan établi, le nombre de tonnes de carbone lâchées dans l'atmosphère sera multiplié par son coût. Le prix obtenu sera ensuite envoyé à une structure brésilienne qui récupère du méthane et le transforme en biocarburants. Cela n'efface bien sûr pas le carbone relâché dans l'atmosphère lors du forum. Il s'agit de se "racheter" en compensant ces émissions de CO2. "C'est moins flagrant que lorsque que l'on compense en plantant des arbres, mais ce processus évite de la production de carbone supplémentaire."

Certains points auraient cependant mérité d'être mieux contrôlés: les paniers repas ont notamment généré beaucoup plus de déchets que nécessaire. Chaque jour, un sac en papier, un gobelet inutile car accompagnant une bouteille d'eau... Et côté animations, les jeunes de l'Institut Saint-Luc à Tournai (Belgique), créateurs de la fresque bio, peignaient certes avec de la peinture bio mais sur un matériau non recyclé.

Diane Desobeau

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Les entrepreneurs aux prises avec le bilan carbone

Il y a les particuliers qui calculent leur empreinte écologique sur Internet. Histoire de se faire peur, de changer (ou pas) leurs habitudes de vie. Et puis il y a les chefs d'entreprise, pour qui le carbone fait partie du business. Explications après l'atelier "Crédits et quotas carbone, ou comment donner un prix aux émissions de CO2".




Michel Denys dirige le pôle environnement et développement durable du groupe Carmeuse. Ces Belges-là ne produisent pas de la bière, mais un produit beaucoup plus toxique pour l'atmosphère: la chaux. "Pour une tonne de chaux, on dégage une tonne de CO2", explique-t-il, PowerPoint à l'appui. Une tonne seulement, puisque certains fours moins performants en font deux...
Dans le cadre d'un système de quotas européens imposé aux industries les plus polluantes, Carmeuse doit acheter des crédits carbone, pour compenser ses dépenses. "On doit répercuter ce coût sur le produit fini, alors que les pays en développement ne sont pas soumis au système de quotas", précise-t-il.


A l'autre bout de la chaîne: Patrick Villemin, vice-président de Verde Dominicana. Cette filiale d'une entreprise française veut récupérer l'argent des crédits carbone pour monter une entreprise de récupération des déchets organiques à Moca, une ville agricole de la République dominicaine. Derrière les hôtels de luxe et les palmiers de cette destination carte postale, pas de traitement des poubelles. En s'entassant dans les décharges, les ordures dégagent du méthane. Lui propose de vrécupérer les déchets organiques pour en faire de l'engrais bio pour les agriculteurs locaux."Si nous n'obtenons pas les crédits carbone, notre projet ne se fera pas", explique-t-il en détaillant les risques inhérents à son entreprise (climat, climat politique...). Mais il est difficile de convaincre tous les opérateurs: gouvernement dominicain, ONU pour obtenir l'agrément. Des projets d'entreprise suspendus aux enjeux du marché du carbone: les prix sont variables, plusieurs mécanismes de financement sont prévus et la bonne idée du crédit carbone peut avoir des effets pervers, comme le souligne Philippe Freund, le modérateur de l'atelier. "Une étude allemande a prouvé que si l'Union européenne développe les quotas carbone (comme ceux auxquels les producteurs de chaux sont soumis), les entreprises délocaliseront, ce qui augmentera encore plus leur production de CO2."

Anne-Gaëlle Besse

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