samedi 11 octobre 2008

Déchets de laboratoires: la Chine est en retard

Une étudiante chinoise de Polytech'Lille a donné vendredi après-midi un exposé sur le traitement des déchets de laboratoire. Tout en rappelant que c'est le manque d'argent qui met les pays émergents en retard sur ce problème, elle constate un déficit de sensibilité chez ses compatriotes.




Li Ying, élève de licence 3 en agro-alimentaire à Polytech'Lille, préoccupée par la mauvaise gestion des déchets de laboratoire dans son pays d'origine, a lu mot à mot son discours illustré par des diapositives sur les problèmes des déchets avec l'aide de sa camarade de classe dans l'espace jeunes du World Forum Lille. Autour d'elle, une vingtaine de personnes de son âge l'écoutaient et prenaient des notes avec attention.


"C'est un budget inaccessible pour les pays émergents"


Ce qu'ils notaient n'était autre que les chiffres représentant le coût qu'on devrait payer pour désintoxiquer des déchets de laboratoires universitaires. De 10 à 50 yuans (de 1 à 5 euros) par kilogramme pour les eaux légèrement polluées, ce prix va monter jusqu'à 300 yuans (30 euros) pour celles contenant un poison violent. Décomposer certaines substances radioactives demande 10.000 yuans (1000 euros). Un coût qui ne pose pas de problème dans les pays industrialisés, mais dans les pays émergents, "c'est un budget inaccessible."

À peine arrivée en France, Ying a déjà remarqué la différence des manières de traitement quotidien des déchets entre son pays d’accueil et la Chine : « Le tri se fait très rare en Chine », selon elle, non seulement parce que les Chinois n’ont pas l’habitude de le faire, mais aussi parce qu’ils apprennent à l’école des fausses théories qui leur font croire que le tri n’est pas nécessairement indispensable.

Comme exemple, elle fait une comparaison entre les deux écoles où elle étudie :

« Ici à Polytech’Lille, à chaque fois qu’on termine une expérimentation dans son labo, on laisse les déchets (souvent des produits chimiques ) tels quels, et on les traite séparément. Mais dans mon ancienne école en Chine, persuadé que la dégradation qui se produit toute seule va certainement rendre les substances moins ou non toxiques, les élèves mélangent tout et jettent directement dans la nature. Les enseignants restent les yeux fermés. Et malheureusement ça se voit partout, même dans les universités les plus prestigieuses du pays comme Tsinghua et Beida (Université de Pékin).»

Derrière cette ignorance, l'autre explication est le manque de l’argent. « Déjà, nos universités ont du mal à faire des recherches plus diversifiées avec un budget très modeste, donc tu ne peux pas en demander plus en espérant qu’elles vont s’occuper en même temps de leurs déchets d’une façon plus correcte », a précisé cette jeune fille qui, apparemment, a beaucoup réfléchi là-dessus.

Chaque année, les laboratoires d'universités chinoises produisent une ou deux tonnes de déchets selon la source d'une association basée à Pékin, citée par Ying. Par rapport aux déchets de la vie quotidienne ou encore à ceux de l'industrie, ce chiffre n'est pas du tout important. Pourtant, ces déchets sont compliqués à traiter en raison des réactifs chimiques qu'ils contiennent.

Malgré tout, Ying reste optimiste. Pour elle, une chose est claire : il faut agir ! Agir comment ? Agir à partir du laboratoire scolaire, en suivant l'exemple de ce qu'elle a vu à Polytech'Lille. À long terme, Ying a prévu de rentrer en Chine après ses études dans l’Hexagone. Elle aimerait bien devenir enseignante afin de pouvoir encourager les bonnes conduites qui sensibiliseront
ses compatriotes plus jeunes à la préservation de l’environnement.

Jing Bai

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