samedi 11 octobre 2008

Les entrepreneurs aux prises avec le bilan carbone

Il y a les particuliers qui calculent leur empreinte écologique sur Internet. Histoire de se faire peur, de changer (ou pas) leurs habitudes de vie. Et puis il y a les chefs d'entreprise, pour qui le carbone fait partie du business. Explications après l'atelier "Crédits et quotas carbone, ou comment donner un prix aux émissions de CO2".




Michel Denys dirige le pôle environnement et développement durable du groupe Carmeuse. Ces Belges-là ne produisent pas de la bière, mais un produit beaucoup plus toxique pour l'atmosphère: la chaux. "Pour une tonne de chaux, on dégage une tonne de CO2", explique-t-il, PowerPoint à l'appui. Une tonne seulement, puisque certains fours moins performants en font deux...
Dans le cadre d'un système de quotas européens imposé aux industries les plus polluantes, Carmeuse doit acheter des crédits carbone, pour compenser ses dépenses. "On doit répercuter ce coût sur le produit fini, alors que les pays en développement ne sont pas soumis au système de quotas", précise-t-il.


A l'autre bout de la chaîne: Patrick Villemin, vice-président de Verde Dominicana. Cette filiale d'une entreprise française veut récupérer l'argent des crédits carbone pour monter une entreprise de récupération des déchets organiques à Moca, une ville agricole de la République dominicaine. Derrière les hôtels de luxe et les palmiers de cette destination carte postale, pas de traitement des poubelles. En s'entassant dans les décharges, les ordures dégagent du méthane. Lui propose de vrécupérer les déchets organiques pour en faire de l'engrais bio pour les agriculteurs locaux."Si nous n'obtenons pas les crédits carbone, notre projet ne se fera pas", explique-t-il en détaillant les risques inhérents à son entreprise (climat, climat politique...). Mais il est difficile de convaincre tous les opérateurs: gouvernement dominicain, ONU pour obtenir l'agrément. Des projets d'entreprise suspendus aux enjeux du marché du carbone: les prix sont variables, plusieurs mécanismes de financement sont prévus et la bonne idée du crédit carbone peut avoir des effets pervers, comme le souligne Philippe Freund, le modérateur de l'atelier. "Une étude allemande a prouvé que si l'Union européenne développe les quotas carbone (comme ceux auxquels les producteurs de chaux sont soumis), les entreprises délocaliseront, ce qui augmentera encore plus leur production de CO2."

Anne-Gaëlle Besse

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