jeudi 9 octobre 2008

Compte-rendu : d'une révolution verte à une autre

Quels enjeux pour le monde agroalimentaire ? Les intervenants de Nestlé, Danone et Alpro Soya ont pu confronter leur vision lors d'un colloque. Dans les années 60, le monde connaissait une première révolution verte. Le progrès dans la connaissance des engrais, l'irrigation et les produits phytosanitaires ont contribué à améliorer le rendement d'une parcelle de terre. Un même morceau de terrain produit aujourd'hui quatre fois plus de blé qu'il y a un siècle.



Cette agriculture intensive est aujourd'hui remise en cause. Trop destructrice pour l'environnement. Appauvrissement des sols, de l'eau, et demande importante en énergie : les capacités de la biosphère ont été dépassées. Et pourtant, la population augmente toujours (9 milliards à l'horizon 2050, selon les prévisions de l'ONU). Il est donc temps pour l'industrie agroalimentaire de faire une autre révolution verte.


En commençant par...

Danone (Bernard GIRAUD, directeur du développement durable): Produire plus avec plus d'intelligence. C'est-à-dire faire confiance à la recherche, comme pour les OGM. Et étudier l'empreinte environnementale d'un aliment, du champ de l'agriculteur à la poubelle du particulier.


Nestlé (Niels CHRISTIANSEN, vice-président): Réduire la consommation d'eau. 93% de l'eau est utilisée pour l'agriculture. Nestlé a diminué sa consommation d'eau de 28% entre 1998 et 2007. Cette effort passe par l'éducation et une collaboration directe auprès des fermiers.


Alpro soya (Jean CORNET, directeur marketing et innovation): Le soja comme alternative à la protéine animale. Les protéines animales sont une habitude alimentaire caractéristique d'une classe moyenne en constante augmentation. Mais on n'obtient qu'un kilo de protéine animale pour 16 kg de protéine végétale de soja, à empreinte écologique identique.

Dilemme :

Pour les trois intervenants, la difficulté, aujourd'hui, est de réussir à concilier trois critères parfois contradictoires : le profit, le social et la planète. Bernard Giraud nous parle de l'exemple des pots de yaourts non-recyclables.
"Un produit est recyclé si on lui trouve une valeur économique. Par exemple, le plastique de certaines bouteilles peut servir à faire des laines polaires ou d'autres bouteilles. L'enjeu, pour le pot de yaourt, c'est d'être capable de lui trouver une réutilisation qui ait une valeur économique qui va justifier ce travail de recyclage."


A défaut, il est aussi envisageable de modifier le matériau, au profit d'un biomatériau recyclable.

" Par exemple, des plastiques biomatériaux, faits à partir de matière végétale, de biocellulose. On pourra à la fois les recycler, et les biodégrader."


Si certains biomatériaux existent déjà, ils sont aujourd'hui beaucoup trop chers. Une charge que l'entreprise ne peut pas supporter, ni le consommateur, selon Bernard Giraud.

"Si vous pensez que le consommateur est prêt à payer son yaourt 30% plus cher sous prétexte qu'il y a un pot fait à partir de biomatériaux, vous vous trompez. C'est à nous de trouver une solution qui nous permette d'arriver au même prix pour le consommateur et qui soit meilleure pour l'environnement. Ca nécessite des investissements lourds. Mettre en place une filière de bioplastique, c'est structurer depuis l'amont agricole jusqu'à nos usines, en adaptant nos machines."



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