vendredi 10 octobre 2008

Zoom sur : l'Australie se désaltère à l'eau de mer


L'Australie a adopté en juin 2004 une "initiative nationale pour l'eau", dotée d'un fonds d'investissements d'1,25 milliards d'euros. L'île, qui abrite une population fortement urbanisée sur ses côtes, est en effet confrontée au déclin de ses réserves en eau potable. Elle s'est du coup penchée du côté de l'eau de mer, dans un processus de dessalement coûteux et dont l'impact sur l'environnement continue de poser question.



Si le déclin des ressources en eau potable est aggravé par les conditions climatiques des 30 dernières années, il est surtout provoqué par "les habitudes de consommation excessives des Australiens", confie Craig Knowles, ancien ministre du foncier et de l'eau de l'état de Nouvelle-Galles du Sud. L'Australie s'assèche, et recherche de l'eau potable.

Exemple révélateur donné par l'ancien ministre, le réservoir de Sydney, qui alimente 75% de la population de la ville, n'est aujourd'hui qu'à 30% de sa capacité maximale. Une quantité faible qui présente en plus des risques d'atrophie de l'eau (algues, eau stagnante).

Face à ce constat, l'Australie a opté dans les années 2000 pour la dessalement, que ce soit à Sydney, Perth ou encore Melbourne. La perspective est attrayante sachant que si 72% de la surface totale de la terre est recouverte d'eau, 97% de cette eau est salée.

Séduisante, la solution est aussi critiquée du fait du prix, de la forte consommation en énergie que le système nécessite, et des gaz à effet de serre qu'elle rejette. Une étude de la WWF datant de juin 2007 recense une dizaine de milliers d'usine de ce type dans le monde. La moitié d'entre-elles sont dans la région du Golfe, et couvrent environ 60% des besoins en eau douce des pays producteurs de pétrole. Ces pays étaient les seuls au départ à pouvoir supporter le coût de telles ingénieries.

"Mais les récentes innovations technologiques ont permis de baisser les coûts", explique Greig Mercer, chef de projet chez Degrémont. Cette filiale du groupe Suez est le spécialiste mondial des usines de traitement d'eau. Degrémont a inauguré en 2006, à Perth, une usine de dessalement d'eau de mer fonctionnant à l'énergie éolienne. Et Greig Mercer l'assure, "les eaux renvoyées dans la mer ne sont pas plus salées, dans une tolérance de 1%".

Le dessalement de l'eau de mer est surtout une solution locale, qui évite le transport d'eau potable. Une solution locale exportable puisque 40% de la population mondiale vit à moins de 70 km d'une côte maritime.

Menace potentielle ou solution d'avenir, le dessalement de l'eau de mer continue de faire débat. Mais comme le montre cette vidéo postée sur Youtube par un opposant au procédé de dessalement, il serait bon de s'assurer qu'il est possible de dessaler l'eau de mer sans saler la facture environnementale, avant de détruire les magnifiques paysages des côtes australiennes.



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