Le forum mondial de Lille fait partie des belles initiatives pour le "durable". Mais l'exercice a aussi ses limites. Philippe Vasseur a planté le décor, dès jeudi en déclarant: "Nous voulons présenter des choses concrètes, les actions qui marchent. Nous ne sommes pas là pour dire ce qu'il faudrait faire mais ce que nous pouvons faire, parce que nous le faisons déjà." Malheureusement, si le Forum a globalement tenu ses promesses, certains interlocuteurs n'ont pas dû entendre cet appel au concret. Langue de bois, discours flous, paris incertains sur l'avenir ont dominé quelques rencontres.
Vous avez dit concret? Lors de la conférence "L'entreprise responsable", Marc Roquette est arrivé, Powerpoint sous le bras et plein de bonnes intentions, parler de l'évolution de la chimie organique, de la pétrochimie à la "végétochimie". Une innovation sûrement convaincante, destinée à éliminer les énergies fossiles polluantes de la production.
Vous trouvez cela technique? Nous aussi... et surtout, nous avons eu du mal à raccrocher tout ça à l'entreprise responsable telle qu'elle peut exister aujourd'hui. Marc Roquette a estimé son "expérience de pensée" réalisable d'ici 100 ans. Oui, mais maintenant? Que fait le groupe Roquette aujourd'hui en terme d'économie responsable? C'est cet élément de compréhension qui nous a manqué lors de cette conférence. Trop d'anticipation, trop de technique... dommage car il y avait vraiment un potentiel d'entreprise responsable dans cette présentation. Le manque d'application immédiate était tout simplement frustrant.
Lors de quelques conférences et autres ateliers, les intervenants ont utilisé leur temps de parole pour une présentation institutionnelle... de leur entreprise. Quand la com' et la promo prennent le pas sur la mise en avant sans arrière-pensée des bonnes idées.
Jean-Marc Fleury, directeur de la Fédération internationale des journalistes scientifiques, a participé au colloque "Médias et développement durable: informer ou alarmer l'opinion?". Il a contribué de façon pertinente au débat dans la première partie de son intervention. Mais il a ensuite embrayé sur une présentation des actions d'un projet pour former au journalisme scientifique, en Afrique et au Moyen-Orient. Très intéressant mais un peu hors-sujet. Le lieu était sans doute mal choisi. Cela a malheureusement desservi sa très bonne contribution au débat du jour.
Nous avons également croisé des intervenants dont on se demande encore pourquoi ils n'ont pas plus lié leur propos au thème de leur conférence ou atelier. Véronique Bonnelye, par exemple, a été envoyée par Suez pour présenter la désalinisation de l'eau. Un enjeu crucial pour l'avenir. Elle n'a pourtant jamais vraiment fait le lien entre la technique de son entreprise et le thème de l'atelier qui n'était rien moins que: "Nourrir le monde ou comment trouver de nouveaux modèles économiques pour répondre aux besoins."
L'écart entre les interventions de certains chefs d'entreprise (bien que tous n'aient pas parlé en "communicants") et ce qu'on espérait entendre, est compréhensible: ils restent avant tout des industriels. Mais dans le cadre du World Forum, on attendait d'eux plus de concret, de projets en marche, de responsabilités à prendre vite et pas dans un lointain avenir.
Lucile Sourdès et Marie Rouarch
samedi 11 octobre 2008
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1 commentaire:
Concrètement,
Je souhaiterais savoir quand seront publiées les questions posées aux conférenciers ainsi que leurs réponses, sur le blog du WFL, et dans quelle rubrique.
Vous remerciant d'avance pour votre aimable réponse,
Bien cordialement
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